Tchuss propose de vous faire découvrir un chef d'œuvre de l'histoire de l'art à voir absolument si vous êtes de passage dans l'une de ces villes européennes. Attention, comme vous ne serez pas les seuls à vouloir les admirer, la visite de ces musées est à réserver plusieurs semaines avant votre voyage. C'est parti pour un tour d'Europe artistique !
Cette œuvre de Manet qui représente une scène de pique-nique champêtre a priori banale, a pourtant fait scandale. C'est la présence d’une femme nue, en compagnie de deux hommes habillés, qui plante son regard dans celui du spectateur qui va avoir raison de son rejet par le jury du Salon. Après avoir fait l'objet de moqueries, Manet devient le peintre par excellence de la vie moderne et sera acclamé de tous, son "pique-nique" devenant ainsi une icône de l'histoire de l'art.
Où : Musée d'Orsay
Le titre de cette œuvre de Gauguin signifie “Jours délicieux” en maori. Elle représente un groupe de femmes dans un paysage tropical au sol rouge. Gauguin réalise cette œuvre lors de son deuxième séjour à Tahiti et semble représenter une vision intérieure exotique à partir de ce qu’il perçoit autour de lui, évoquant sans doute la quête d’un paradis perdu.
Où : Musée des Beaux-Arts
Cette huile sur toile offre à voir un paysage urbain qui représente des voiliers à l'entrée du port de Marseille, dans une palette rose et bleue. Dans la salle du Musée Cantini consacrée aux paysages de Marseille, la toile postimpressionniste peinte par l’artiste français ne laisse aucun visiteur indifférent. Et la perspective sur l’entrée du vieux port doit être familière à ceux qui se sont déjà baladés dans les jardins du Pharo.
Où : Musée Cantini
"La Rencontre", aussi connue sous le titre "Bonjour Monsieur Courbet" représente une scène de rencontre entre le peintre lui-même et son mécène Alfred Bruyas, accompagné de son valet et de son chien. Ce tableau est emblématique du réalisme et de la volonté de Courbet de bouleverser les conventions artistiques. Il a été exposé à l’Exposition universelle et suscita des critiques virulentes, certains y voyant une manifestation d’orgueil exagéré.
Où : Musée Fabre
Ce tableau monumental de plusieurs mètres carrés peint dans un camaïeu de gris rend hommage aux martyrs de la guerre d’Espagne pendant laquelle des milliers de civils ont perdu la vie. L’œuvre dénonce le bombardement de la ville basque de Guernica par l’armée nazie et l’Aviation Légionnaire italienne fasciste, venues soutenir les troupes du général Franco. Le tableau est aujourd'hui un véritable symbole de paix et considéré comme une oeuvre incontournable de l'art moderne, probablement la plus connue de l'artiste.
Où : Musée Reina Sofía
Cette œuvre de Manet représente Léon Koëlla-Leenhoff, le fils naturel de l’artiste, en train de souffler des bulles de savon, un geste qui symbolise la fragilité et la brièveté de la vie. Ce tableau est marquant car il illustre la volonté de Manet de moderniser la peinture en s’inspirant des maîtres anciens tout en intégrant des éléments contemporains. C’est l’historien d’art britannique Kenneth Clark, qui avait recommandé, entre autres, à Gulbenkian d’acheter ce tableau. Comme il le racontera plus tard, la toile lui fut proposée pour 90 000 dollars, montant auquel il fit une contre-proposition à 60 000 dollars déclinée par le propriétaire, lequel finit par vendre le tableau pour 65 000 dollars à un intermédiaire travaillant pour… Gulbenkian !
Où : Musée Calouste-Gulbenkian
Cette fresque de plus de 13 mètres de haut est l’un des sommets de l’art de la Renaissance, à la croisée du classicisme et du maniérisme. Le sujet est inspiré de l'Apocalypse selon saint Matthieu : le Christ juge l’humanité à la fin des temps. En son centre, le Christ, puissant et impassible, lève la main pour séparer les élus des damnés. Autour de lui s’anime une foule tourmentée de saints, d’anges, d’âmes sauvées s’élevant au ciel à gauche, et de corps précipités vers l’enfer à droite.
Cette fresque est incontournable car elle marque une rupture dans l’histoire de l’art : Michel-Ange y transcende les canons de la beauté idéalisée de la Haute Renaissance au profit d’une expression plus tourmentée et introspective, reflet de son époque troublée et de ses propres questionnements spirituels. Elle incarne une vision terrifiante et sublime du destin humain, qui continue de fasciner les visiteurs et les artistes depuis cinq siècles.
Où : Chapelle Sixtine (Musées du Vatican)
Cette œuvre du peintre italien Botticelli représente la déesse Vénus, tout juste née de l’écume, qui glisse sur les flots sur sa coquille XXL, cheveux au vent. Ce tableau était révolutionnaire à son époque, car il s'agissait de la première œuvre de ce format ayant un thème exclusivement mythologique et donnant à voir une femme nue sans justification religieuse. Vénus est entourée de Zéphyr (le vent) et du printemps qui tente de cacher sa nudité avec un voile rouge parsemé de fleurs. La vénus de Botticelli est aujourd'hui une source inépuisable d'inspiration pour les artistes, la mode et les goodies des boutiques de musées.
Où : Galerie des Offices
L'œuvre représente le Christ allongé sur une pierre de sépulcre, entouré de Marie, Marie-Madeleine et Jean, qui pleurent sa mort. Ce qui frappe immédiatement, c'est la perspective en raccourci, qui donne une impression de profondeur et accentue le réalisme du corps du Christ. La lumière met en valeur les plis du linceul et les expressions de douleur des personnages. Ce tableau est considéré comme révolutionnaire pour son époque. Mantegna a utilisé une perspective audacieuse qui donne une impression presque photographique du corps du Christ. Il s'agit d'une représentation très humaine et poignante, où le Christ apparaît comme un cadavre froid plutôt que comme une figure divine en attente de résurrection.
Où : Pinacothèque de Brera
"Le Paradis" est une immense peinture réalisée par Le Tintoret, elle se trouve dans la Salle du Grand Conseil du Palais des Doges à Venise et est considérée comme l'une des plus grandes peintures sur toile de l'histoire. L'œuvre représente une vision céleste où Jésus et Marie, entourés de chérubins et séraphins, dominent la scène. Le tableau est peuplé d'environ 500 figures, dont des saints, prophètes, apôtres et martyrs, chacun identifiable par ses attributs. Ce tableau est remarquable par sa taille monumentale (24,5 mètres de long sur 9,90 mètres de haut) et son complexe agencement de personnages. Il fut commandé pour remplacer une fresque endommagée et devait incarner la grandeur de Venise. Tintoret, alors âgé, travailla avec son fils Domenico pour achever cette œuvre colossale, qui fut saluée comme l'une des plus belles réalisations de l'histoire de l'art.
Où : Palais Ducal
Le sujet exact de ce célèbre tableau est encore un objet de discussion aujourd'hui. Il représenterait Giovanni Arnolfini, riche marchand toscan établi à Bruges et son épouse Giovanna Cenami, portant une robe bleue, dans leur chambre nuptiale. Le détail qui a toute son importance et qui fait de cette peinture un véritable chef d’œuvre est le miroir convexe qui permet au spectateur de voir l'envers du décor... On y aperçoit deux silhouettes (les hypothèses sur leur identité sont nombreuses) mais surtout l'entièreté de la scène du sol au plafond, confirmant le génie du peintre flamand.
Où : National Gallery
Ce tableau est l'une des peintures hollandaises les plus célèbres du monde. Il représente une schutterij, autrement dit, une compagnie de la milice bourgeoise des mousquetaires d'Amsterdam. L'utilisation du clair-obscur, l'asymétrie et l'ambiance agitée en fond une illustration parfaite du mouvement baroque.
Où : Rijksmuseum
L'Empire des Lumières est une série majeure du peintre belge René Magritte composée de seize peintures à l'huile qui représentent toutes une maison, la nuit au milieu des arbres et éclairée par un réverbère. Le mystérieux paradoxe de cette série réside dans le contraste jour/nuit du ciel bleu éclatant qui évoque le plein jour et de la maison qui est plongée dans l'obscurité d'une nuit profonde. Cette série captivante et fascinante représente à merveille l'étrangeté de l’œuvre du peintre surréaliste.
Où : Musée Magritte
Ce triptyque fascinant peint vers 1500 est typique de l’univers visionnaire du maître néerlandais et se compose de trois volets : le paradis à gauche, le jugement au centre, et l’enfer à droite. Œuvre incontournable, ce Jugement dernier est un témoignage précieux de la spiritualité et des angoisses de la fin du Moyen Âge. Il reflète aussi l’intérêt croissant pour la morale, le péché et le salut dans une Europe en mutation. Sa présence à Bruges, haut lieu de l’art flamand, en fait une pièce maîtresse du Musée Groeninge et un jalon essentiel pour comprendre l’imaginaire de la fin du XVe siècle.
Où : Musée Groeninge
L'œuvre représente le docteur Nicolaes Tulp en train de donner une leçon d’anatomie à un groupe de chirurgiens. Il dissèque le bras d’un cadavre, tandis que ses élèves observent avec une curiosité mêlée de respect. Rembrandt utilise un clair-obscur subtil pour mettre en valeur les visages et les expressions des personnages, créant une atmosphère à la fois scientifique et dramatique. Ce tableau est révolutionnaire pour son époque. Contrairement aux portraits de groupe traditionnels, où les personnages sont figés, Rembrandt insuffle du mouvement et du réalisme à la scène. Il joue avec la lumière pour accentuer l’intensité dramatique et met en avant la dimension pédagogique de la dissection.
Où : Mauritshuis
C’est l’une des œuvres les plus célèbres du peintre autrichien, elle incarne parfaitement son Cycle d’or, caractérisé par l’utilisation de feuilles d’or. L'œuvre représente un couple enlacé, perdu dans une étreinte passionnée. L’homme, debout, penché sur sa compagne, l’embrasse sur la joue, tandis qu’elle est agenouillée, les yeux clos, dans une posture d’abandon. Ce tableau est emblématique du symbolisme et de l’Art nouveau. Il exprime une vision idéalisée de l’amour et de l’union spirituelle, tout en intégrant une esthétique décorative inspirée des mosaïques byzantines. Aujourd’hui, il est conservé à la Galerie du Belvédère à Vienne, où il attire des milliers de visiteurs chaque année.
Où : Österreichische Galerie Belvedere
"L’Épopée slave" est une série monumentale de 20 tableaux peints par Alfons Mucha. Cette œuvre, inspirée du nationalisme slave, retrace l’histoire des peuples slaves à travers des événements marquants allant du IIIe au XXe siècle. Chaque tableau illustre un moment clé de l’histoire slave : des scènes de batailles, des couronnements, des célébrations religieuses et des figures emblématiques comme Siméon, tsar des Bulgares, ou Jan Hus. L’ensemble est caractérisé par des dimensions monumentales (certaines toiles atteignent 6 mètres sur 8 mètres), une palette riche et des compositions dynamiques qui exaltent la grandeur et la résilience du peuple slave. Elle fut exposée à Prague en 1928 pour célébrer le dixième anniversaire de la Tchécoslovaquie.
Où : Après plusieurs déplacements, elle est aujourd’hui conservée à Moravský Krumlov, mais devrait rejoindre un nouveau musée Mucha à Prague en 2028.
Cette œuvre est emblématique du mouvement expressionniste, elle incarne une vision poignante de l’angoisse existentielle et du tourment intérieur. Ce tableau est devenu un symbole universel de l’angoisse et de la solitude. Il fait partie d’un cycle intitulé "La Frise de la Vie", où Munch explore les thèmes de la peur, de la mort et de l’amour. L’artiste s’est inspiré d’une expérience personnelle : lors d’une promenade, il aurait ressenti une angoisse profonde, comme si la nature elle-même poussait un cri.
Où : Nasjonalgalleriet for kunst, arkitektur og design
Le Buste de Néfertiti représente la grande épouse royale du pharaon Akhenaton, figure centrale de la période amarnienne. Cette sculpture en calcaire peint, haute de 47 cm, incarne une vision idéalisée de la beauté féminine : traits fins, pommettes hautes, cou élancé, regard énigmatique et couronne bleue caractéristique. L’un de ses yeux, étonnamment laissé vide, accentue encore le mystère qui entoure cette œuvre. Ce buste est bien plus qu’un simple portrait : il est devenu un symbole universel de la beauté et du raffinement de l’Égypte antique. Découvert en 1912 à Amarna par une équipe allemande, il est aujourd’hui au cœur de débats sur la restitution des œuvres d’art, ce qui renforce encore sa notoriété mondiale.
Où : Neues Museum
Cette peinture réalisée par Johann Heinrich Füssli est devenue l’une des œuvres les plus fascinantes du romantisme. Ce tableau est célèbre pour son ambiguïté et son intensité dramatique. Il illustre simultanément une femme en train de rêver et la matérialisation de son cauchemar, une innovation qui a marqué l’histoire de l’art. L’œuvre a été exposée à la Royal Academy of Arts en 1782 et a immédiatement suscité fascination et controverse. Certains y ont vu une représentation des angoisses inconscientes, anticipant les théories psychanalytiques de Freud. Aujourd’hui, la version la plus célèbre est conservée au Detroit Institute of Arts mais vous pourrez en découvrir une version à Francfort.
Où : Musée Goethe
Cette peinture de Friedrich est une œuvre emblématique du romantisme allemand. Elle incarne la quête de l’infini et la contemplation de la nature. L'œuvre représente un homme vu de dos, debout sur un sommet rocheux, dominant un paysage brumeux. Il porte une redingote vert sombre et tient un bâton de marche dans sa main droite. Son regard se perd dans une mer de nuages, où émergent des crêtes montagneuses et des arbres indistincts. Ce tableau est souvent interprété comme une métaphore de l’avenir inconnu ou une réflexion sur soi-même. Il illustre également le concept du sublime, tel que défini par Edmund Burke, où l’homme est à la fois maître du paysage et insignifiant face à son immensité.
Où : Hamburger Kunsthalle
Cette œuvre est emblématique du cubisme et de l’abstraction. Elle illustre l’approche ludique et expérimentale de Klee dans la représentation du visage humain. L'œuvre représente un visage stylisé, composé de formes géométriques telles que des carrés, triangles et cercles. Les couleurs chaudes—orange, rouge, jaune et blanc—créent une harmonie visuelle qui rappelle les masques africains, une source d’inspiration pour Klee. Ce tableau est remarquable par son simplisme apparent, qui cache une réflexion profonde sur la déconstruction du portrait. Il témoigne de l’influence du Bauhaus, où Klee enseignait à l’époque, et de son exploration des formes et couleurs comme langage artistique.
Où : Kunstmuseum
Cette statue en marbre de 1,18 mètre de haut représentant une jeune femme debout, vêtue d’un péplos — un vêtement traditionnel grec — qui lui donne son nom. Elle appartenait à une série de statues votives appelées korai, offertes à la déesse Athéna sur l’Acropole. Découverte en plusieurs fragments en 1886 près de l’Érechthéion, elle a été reconstituée avec soin et trône aujourd’hui dans la galerie archaïque du musée. La Korè au péplos incarne la transition entre la rigidité des premières sculptures grecques et l’émergence d’un art plus expressif. Sa grâce intemporelle et son mystère en font une figure emblématique de l’Acropole et un jalon essentiel pour comprendre l’évolution de la statuaire grecque.
Où : Musée de l’Acropole à Athènes